Philippe Barrière, l'apôtre de la truffe Il est aujourd'hui, la référence en matière de truffe. L'ex-rugbyman, ex-entraîneur de l'USC et du ROC après des études agricoles a inventé son métier ; contrôleur de qualité. Une passion qui le conduit à travers le monde et lui fait rencontrer nombre de personnalités.
L'homme en impose ! 108 kg pour 1,87 m et des paluches grosses comme des raquettes de tennis, l'ancien rugbyman est trahi par sa carrure. Son regard clair et son visage s'illuminent quand on évoque ce passé rugbystique si cher à ce Carcassonnais de souche, né à la maternité des Trois couronnes aujourd'hui disparue. Minime, cadet, junior… Philippe Barrière a, comme on dit, mouillé le maillot pour de nombreuses équipes. Mais deux restent ancrées dans son cœur, l'USCarcassonne dont il a été l'entraîneur quelque temps après y avoir joué seconde et troisième ligne, et le ROCastelnaudary où il a été aussi joueur, puis entraîneur-capitaine. Des souvenirs qu'il suffit de frôler pour qu'ils se réveillent. « J'ai fait mon service militaire au bataillon de Joinville en 1981, section rugby évidemment. Un an de vacances », commente-t-il avec un sourire qui en dit long sur ses 365 jours sous les drapeaux de l'amitié. Rugbyman reconnu, apprécié, redouté aussi Philippe Barrière avec une formation de technicien agricole parvient à entrer à la chambre d'agriculture. « À l'époque, il faut le reconnaître, le rugby permettait la promotion sociale », dit-il avec humilité. En poste à Montréal comme technicien, il mène de front ; vie familiale, vie sportive et poursuit ses études agricoles. « J'ai toujours aimé la nature et puis je ne me voyais pas travailler dans un bureau », lance ce fils de commerçant qui semble alors avoir trouvé sa voie. Il décroche un BTS et se spécialise dans les céréales, puis il est affecté aux fruits et légumes, toujours à la chambre d'agriculture, ce qui lui permet une plus grande autonomie et surtout de renouveler son paysage de rencontres. Son chef de service est alors Michel Escande. Maire de Moussoulens, l'élu est également président de l'association des trufficulteurs audois. La chambre d'agriculture lui confie une mission au sein de cette association. Ce n'est pas encore le coup de foudre mais Philippe Barrière se rend rapidement compte que le monde de la truffe est loin de le laisser indifférent. Michel Escande créé les Ampélofolies à Moussoulens : « Il faut que tu contrôles la production de truffes m'a-t-on demandé. Je ne pouvais pas réellement refuser mais j'avoue que je ne possédais pas toutes les compétences en la matière ». Un stage sur deux ans à Montpellier sera l'accélérateur et le catalyseur de cette passion naissante dans les années 2 000. « Nous étions une douzaine de stagiaires, à l'école supérieure nationale agronomique. Des spécialistes de la truffe se succédaient, des scientifiques, des mycologues, des membres de l'association nationale de trufficulture… Toute la problématique de la truffe était abordée par des techniciens et des producteurs du Périgord, de PACA ».
Il invente son métier
Le monde de la truffe va alors envahir sa vie. Michel Escande crée et lance les marchés truffiers, Philippe Barrière s'impose comme la référence. Sa nouvelle mission contrôleur de qualité. Son rayon d'action s'étend des P.O au Gard, l'homme devient alors incontournable du monde de la truffe.
2006 marque un virage dans sa vie professionnelle. Il décide de quitter la Chambre d'agriculture où il aurait pu poursuivre une carrière dans la plus grande sérénité. Il décide de s'installer à son compte en créant une société unipersonnelle spécialisée dans la truffe. Un sacré défi qu'il relève. Aujourd'hui, il est contrôleur de qualité « es truffe », un métier qu'il a inventé. Sa vie est ponctuée de conférences qu'il donne à travers la France, de conseils en plantation ; « Je suis une plantation en Russie, de futurs producteurs de l'Équateur m'ont également contacté pour réaliser une plantation », confie le passionné. Il intervient aussi dans le monde de la restauration. « Je discute avec des gens que jamais je n'aurai soupçonné pouvoir rencontrer. Dans la truffe tout est mystère et tout est encore à inventer. Chaque cas est un cas particulier et il y a trois chances sur dix après dix à quinze années pour qu'une plantation se révèle. On ne percera jamais le mystère de la truffe, des truffes, puisqu'il en existe des centaines d'espèces », lance-t-il confiant en l'avenir. L'homme, diront certains, a eu du nez, mais il a fallu bien plus que cela pour réaliser ce rêve inattendu qui parfume sa vie.